2011 | LUCAS FAGIN

CONCERT
Mentir {Sobre Ada Falcón} 
CETC (Centro Experimental Teatro Colón) 


Musique : Lucas Fagin
Mise en scène : Ariel Farace
Dramaturgie : Alejandro Tantanián
Texte : Ignacio Bartolomé, Mónica Bonelli, Maruja Bustamente, Carolina de Marco, Sol Correa, Cristián Cutro, Victoria Murphy, Mariano Saba, Mariano Tenconi Blanco

Chant : Marisu Pavón, Adriana Mastrangelo, Santiago Ballerini, Leonardo Estevez, Vanesa Tomas

Direction musicale : Rut Schereiner

Direction Ensemble Tropi : Haydée Schwartz 

Mentir, basada en la vida de la gloriosa cancionista Ada Falcón, es una tríada conceptual conformada por fama, olvido y el descenso a los infiernos. Intensa en lo textual y despojada en lo musical, esta micro ópera se construye sobre todo desde el pulso vívido de sus personajes, que van hilando esa trama dramático-argumental creada colectiva-mente por nueve dramaturgos, bajo la coordinación de Alejandro Tantanián. Esta ópera se sitúa entre la oscuridad fantasmal y el grotesco, (el tono burlón de algunas escenas y personajes como el Gardel con peluca rubia recuerda al gesto generacional de un Capussotto), que mantiene la tensión y el atractivo dramatúrgico en su cruce de lenguajes narrativos y fundamentall-mente en la potencia de sus textos. Los diálogos en verso, las décimas con tono crudo y sexual con olor a Perlonger, los recitados a borbotones de una prosa seca y directa, la utilización del video y la música austera compuesta originalmente por Lucas Fagín, sin atisbos tangueros, crean esa atmósfera contemporánea que va cambiando de temperaturas.

Si en el comienzo el relato transpira lo lúdico y sexual -la obsesiva y carnal relación amorosa entre Ada y Canaro- que dispara las imágenes más provocativas; las escenas van mostrando el deterioro de la diva tanguera en su círculo de relaciones tiernas y enfermizas, hasta el ocaso y el clima opresivo con referencias a su retiro en un claustro, donde enfrenta sus demonios: su madre y su sexualidad muerta. La puesta en escena de Ariel Farace combina muy bien todos los recursos a su disposición y descansa en esos personajes que llevan el peso argumental con interpretaciones musicales muy sólidas, sobre todo de Marisú Pavón, que le da credibilidad a su encarnación ficcional de Ada Falcón. La musicalidad del Ensamble Tropi, dirigido por Haydee Schwartz, no desentona con ese mundo de extrañamiento en el que se va sumergiendo la cantante. Los efectos y sonidos de los instrumentos, además del complemento en video con cámara en mano, les dan una sensación cinematográfica y misteriosa a ciertos climas de las escenas. La obra se desprende inteligentemente de las referencias tangueras para crear su propia versión contemporánea del personaje, apenas la evocación en un fraseo del éxito de Ada Falcón « Yo no sé qué me han hecho tus ojos », que traza un puente con su biografía oficial. Mentir es como un destello, potente y sombrío; un recorrido por un tren con fantasmas del pasado, una historia que pudo o no pudo ser, y una Ada Falcón, que vuelve desde el olvido, para mentirnos o decirnos su verdad, en la jeta.

publié dans La Nacion
 4/12/2011

2011 | LUIS NAON

CONCERT
Sainte-Nitouche (la fille ni bien ni mal)
CETC (Centro Experimental Teatro Colón)

Opéra de poche pour Mezzosoprano, Clarinette, Saxophone, Bandonéon,
Alto , Contrebasse, Percussion,
Piano et voix enregistrée.

Compositeur : Luis Naón
Texte : Yves Pagès
Éditions Billaudot
Commande de
Musique Nouvelle en Liberté

Mise en espace / Vidéo :
Diego Pittaluga
Danseuse : Luisina Guiffrey
Commédienne : Agnès Sourdillon

Direction : Rut Schereiner 

Interprètes :
Susanna Moncayo (Voix),
Mariano Malamud (Alto),
Facundo Oirdónez (Contrebasse),
Silvia Dabul (Piano),
Pablo Mainetti (Bandonéon),
Martín Moore (Clarinette),
María Noel Luzardo (Saxo)
et Oscar Albrieu Roca (Percussion) 

à propos de Luis Naón

Oeuvre pour clarinette, saxophone, alto, bandonéon, percussion, piano, contrebasse, et une chanteuse (mezzo-soprano) soliste, parfois appuyée par des organisations provenant de sons préenregistrés, principalement des voix : celle d’une narratrice, le double de notre héroïne, Miss Didascalie, et les complaintes des enceintes mâles.

Le texte parlé, pré-enregistré, et quasi radiophonique a une fonction formelle d’aiguiller et de scander l’écoute de moments vocaux de caractère parfois contrastant. L’imbrication et le contraste de ces deux niveaux qui sont autant sémantiques que  théâtraux nous révèle, peu à peu, le personnage central de ce monodrame. Le terrain de l’action dramatique est la salle de concert dans sa totalité : entre le public et Sainte Nitouche, la chanteuse se crée le hiatus de la représentation dont ici la forme particulière est le regard de l’oeil voyeur du spectateur, derrière la glace sans tain, dans un peep-show imaginaire.

L’organisation musicale suit une logique qui découle directement du texte. Celui-ci dans l’alternance quasi responsorielle de la voix parlée et des situations musicales, répond à un critère définit par l’auteur et le compositeur, à la manière d’un livret d’opéra.

L’action dans l’opéra est liée à l’histoire, ce fil rouge sur lequel se greffe le beau.

Ici cette démarcation se concentre dans un personnage unique, et pourtant combien ambivalent, qui a pour habitude de s’exprimer plus par le corps que par la bouche.

Ces différentes situations suscitent des moments de jeu à la lisière entre le théâtre et la musique avec, dans un premier temps, une forte concentration sur le sonore.

Les instrumentistes se répandent en soutenant Nitouche (mezzo) avec leurs références et leurs métaphores.

A mi-chemin entre le cycle de chansons et le monologue chanté le déroulement de l’œuvre se présente sous l’angle de la succession de scènes qui conservent une saveur dramatique d’opéra de poche.

Introduction et Complainte 1 (intérieur)
instrumentale et électronique – Elle place le contexte musical et la texture sur laquelle évoluera notre héroïne.

Puis :
Autour d’une voix , mobile et pouvant évoluer sur la scène
Quatre points fixes (chef – piano – percussion et bandonéon)
Quatre points mobiles (clarinette, saxophone; alto et contrebasse)
Quatre points absents ( les haut parleurs ).

Peep show 1 (extérieur)
sur un fond de blues
Un trio soufflant et l’alter ego de la voix (l’alto)
Sur fond des trois harmonie tempérées.

Petites annonces 1 (aparté – quasi récitatif puis a capella)
La voix de Nitouche récite (plainte du tango renouvelé, Polaco Goyeneche et Piazzolla ultima curda, sommet de musique populaire et musique de chambre) accompagnée par des échos lointains des enceintes mâles.
Nitouche ferme le bal a Capella.

Peep show 2 – (aria)
Percussion-Piano-orchestrés par les vents sur une litanie de corde solitaire bandonéon accompagnateur et voix chantante.
Ici le blues fait place au rythme et rapidement le madrigal pointe à mi-teinte.

Petites annonces 2 (où l’on découvre la nature philologique de Nitouche)
Nitouche se lâche, collectionne les annonces en langue étangère « Heilgymnast », « Signore maturo et pulito » « Maladoï mushina vatchkah »
Surimpression harmonique d’un quatuor non tempéré sur un trio bien tempéré.

Complainte 2 (triste-intérieur)
Vals – Tango – vocalité triste Seize ans de trop.
(Vibra saxophone piano) d’une part
(Saxophone bandonéon) célèbre Mulligan Piazzola.

Complainte 3 (expansive puis grave)
La parole est aux soufflants
La voix s’imprime sur le souffle du trio clarinette, saxe et bandonéon, entrecoupée et incitée par un rythme décomposé, qui déboîte. Le triste revient, et pour finir avec le monodrame sur un fond de Répondeur érotique : le mirage électroacoustique, l’espace se met à parler; Une communication transversale et téléphonique apparaît qui nous échappe à tous.